Récits

Le récit du Hadith

“Le Hadith – ou les propos rapportés du Prophète Muḥammad ﷺ – constitue la seconde source de loi et d’éthique après le Coran en islam. Servant à compléter celui-ci ou à en faire l’exégèse, le Hadith a été l’objet d’un travail de compilation et de vérification inédit dans l’Histoire des Hommes. Car il fallait s’assurer de la fiabilité de textes ayant vocation à servir à décrire complètement la prière, le jeûne, le pèlerinage et d’autres sujets subsidiaires aux musulmans, les chercheurs en la matière ont eu à s’inscrire en méthodistes affirmés. De même que pour le Coran – compilé et canonisé quelques années après la fin de la Révélation – il a été développé le principe de la chaîne de transmission; chaîne servant à désigner et vérifier les différents intervenants dans la transmission des textes. Des intervenants passés au crible, leur intégrité et statut mis au défi; le moindre doute rendant possiblement le texte concerné caduc. A des centaines de milliers de paroles remontant au Prophète Muḥammad ﷺ n’ont ainsi à terme été retenues qu’un faible pourcentage. Aussi, si l’on fait souvent remonter la canonisation du Hadith au 3e siècle hégirien, la pose à l’écrit du Hadith est observée depuis l’ère des compagnons. Parmi la cinquantaine d’entre eux figurent des personnages émérites tels Jābir ibn Abdillāh, ‘Alī ibn Abī T̩ālib ou Abū Bakr. Chacun d’eux a écrit un nombre plus ou moins important de hadiths entendus du vivant du Prophète ﷺ. Si celui-ci ﷺ avait en effet d’abord interdit qu’on écrive ses dires, l’interdit fut levé ensuite (voir le sermon final fait à La Mecque ou ses dires concernant le montant de la zakat). Si ‘Umar ibn-al-Khaṭṭāb avait en calife tenté une première recension, on doit alors à Hammam ibn Munabbih la rédaction d’un des premiers recueils, le Sahifah, avant les années 60 de l’hégire. D’autres suivront, jusqu’à ce que le calife omeyyade ʿUmar ibn ʿAbd Al-ʿAzīz confia la rédaction d’un recueil à Muḥammad az-Zuhri et Muḥammad ibn Hazm, gouverneur de Médine, dont la tante était une disciple d’ʿĀʾisha. Jaʿfar aṡ-Ṣādiq ou Yaḥya ibn Sa’id al Ansārī avaient, dans le second siècle de l’hégire, aussi eu le leur. Puis vint le Muwaṭṭa de l’imam Mālik. Avec ses quelque 1600 traditions, il est encore aujourd’hui un ouvrage majeur du patrimoine islamique et l’un des plus anciens recueils encore disponibles. Les transmetteurs de hadiths les plus appréciés sont alors ceux ayant côtoyé de près le Prophète ﷺ, mais aussi ceux ayant vécu le plus longtemps après lui. Ainsi de Abū Hurayra, Abdullāh ibn Umar et Anas ibn Mālik. On compte alors plus de 5300 hadiths remontant au premier, plus de 2600 pour le second et presque autant quant au dernier. Les épouses du Prophète ﷺ ne sont pas en reste : l’on doit par exemple à ʿĀʾisha la transmission de près de 2300 hadiths. Le second siècle hégirien passé, le travail de recension et d’authentification du Hadith va atteindre son apogée. Parcourant des milliers de kilomètres afin de rencontrer les rapporteurs et érudits du Hadith en personne, al-Bukhārī et Muslim vont offrir aux musulmans les deux plus importants recueils de hadiths de l’histoire. Leurs quelques milliers de hadiths retenus serviront à des générations de juristes dans l’élaboration et le développement du droit (…).”

Renaud K.

L’article est à consulter dans son intégralité dans le N°6 de Sarrazins :

Sarrazins N°6 (précommande)