Extraits

Des Juifs en al-Andalus

“(…) Quand les musulmans pénètrent la péninsule ibérique en 92H (711G), de nombreux Juifs y sont trouvés. (…) ils vivent un judaïsme relativement primaire, alors sous le joug d’un Royaume dirigé par des Wisigoths chrétiens ayant une lecture de la Bible des plus exclusives. Perçus comme des invétérés comploteurs et ennemis du divin, les Juifs sont soumis à une politique des plus discriminantes ; ils sont privés de leur liberté de culte et parfois contraints à embrasser de force le christianisme. L’arrivée des musulmans dans la région est aussitôt vue comme une libération. Les Juifs ont en effet eu vent de la liberté (à l’époque inédite) que l’islam accorde aux Gens du Livre en matière de religion et de négoces. Des rencontres se font en toute clandestinité, des promesses s’échangent : pêle-mêle, ce sont plusieurs cités qui s’ouvrent aux conquérants musulmans sans coup férir grâce aux Juifs locaux. C’est ce climat qui va permettre, non sans que quelques vagues de tensions et violences n’explosent parfois, l’avènement de l’âge d’or de la culture juive andalouse. Libres dans leur culte, les Juifs d’al-Andalus vont (…) offrir au monde les hommes et œuvres les plus importantes du patrimoine hébraïque médiéval. Certains Juifs quittent même les terres chrétiennes voisines pour venir s’y installer. C’est le cas de Bodo-Eléazar (…) parti vivre à Saragosse pour s’y faire le plus prosélyte des prêcheurs d’époque. Pendant et après le règne faste d’ʿAbd al-Raḥmān III, premier des califes de Cordoue, les érudits juifs se succèdent jusqu’à entrer dans les plus hautes sphères du gouvernement. Ḥasday ibn Shaprūṭ est, au 4e siècle hégirien (10e siècle G) le symbole de cette ouverture. Appelé par le calife sus-cité en tant que médecin, celui-ci va jusqu’à le faire ambassadeur, métier dans lequel il va admirablement s’exercer : il obtient la paix avec les Asturiens et Castillans et évite l’incident diplomatique avec l’empereur Otton 1er, fondateur du Saint Empire germanique, en persuadant ses émissaires de ne porter aucune mention hostile à l’islam dans leurs échanges. (…)”

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