Récits

Des Arabes sur la Lune ?

L’astronomie aura été durant l’âge d’or de la civilisation islamique une des sciences les plus revisitées et augmentées. En se faisant les continuateurs des Grecs, Perses et Indiens, les Arabes et musulmans allaient à la fois synthétiser, corriger et développer ce qui était jusqu’ici l’étude des astres. C’est ainsi que les études et ouvrages d’astronomie rédigés de Cordoue à Samarcande deviendront, au Moyen-âge, des classiques lus de Paris à Venise. C’est ainsi que L’union Astronomique Internationale a eu l’idée de rappeler l’apport des astronomes arabo-musulmans en 1935 de l’ère chrétienne en donnant le nom de 24 d’entre eux à des cratères et sites lunaires. C’est ainsi qu’on y trouve le nom d’al-Battānī, le “Ptolémée des Arabes” et inspirateur de Copernic, al-Farghānī et Jābir ibn Hayyān, père de la chimie derrière la découverte de la plupart des substances chimiques. S’y trouve aussi l’inventeur de l’algèbre, al-Khwārizmī, l’auteur de la plus vieille Table astronomique du monde arabe. Nous y trouvons également le calife abbasside al-Maʾmūn, mécène et fondateur, au 9e siècle chrétien, du premier observatoire spatial en terre d’Islam à Bagdad, et l’inspirateur de la célèbre Maison de la sagesse. Abū al–Wafā, Ibn al Haytham – père de l’optique moderne et de la méthodologie scientifique – ou encore al-Bīrūnī – aussi un botaniste, historien et physicien – y ont aussi été cités. Notons encore la présence sur la lune d’Abū al–Fidāʾ, historien et géographe ayant combattu les Croisés, ainsi que ‘Umar Khayyām, l’un des plus grands mathématiciens médiévaux à l’origine de la réforme du calendrier persan. S’y trouvent encore al-Ṣūfī, découvreur du Grand Nuage de Magellan et de la Galaxie d’Andromède, Ibn Yūsuf, savant égyptien et l’ismaelien Naṣīr al‐Dīn al‐Ṭūsī, célèbre savant du 13e siècle chrétien connu pour ses écrits sur la logique et les chiffres. Ulugh Beg, savant et sultan de la dynastie des Timourides ayant vécu au 15e siècle chrétien dispose encore de son cratère. Nous y avons aussi certains des plus grands érudits de l’Occident musulman; ainsi d’al-Bakrī, al-Biṭrūjī – le premier à présenter un système astronomique non ptolémaïque et à proposer des causes physiques aux mouvements célestes – al Marrakshī, al-Zarqālī, Ibn Bājja (à l’origine de la loi de la gravité) mais aussi le célèbre explorateur Ibn Baṭṭūṭa. Le premier homme connu ayant volé – au 9e siècle chrétien – dans les airs, le Berbère ʿAbbās ibn Firnās ou encore le philosophe et juriste Ibn Rushd ont tous deux encore leur cratère. Soraya, Samir, Osama et Karima sont aussi autant de prénoms donnés à de plus petits cratères.

Renaud K.


Pour en savoir plus :

  • Ahmad Dallal, Science, Medicine, and Technology, The making of a scientific culture, in John Esposito, The Oxford History of Islam, New York, Oxford University Press, 1999
  • Ahmad Jebbar, Danielle Jacquart etc.., L’âge d’or des sciences arabes, Actes Sud, 320p.
  • Roshdi Rashed, Histoire des sciences arabes. Astronomie, théorique et appliquée 1, Le Seuil, 384p

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